Le syndrôme de Stockholm du gestionnaire de projets

En 1973, un holdup dans une banque de Stockholm tourne mal et un évadé de prison prend en otage  trois femmes et un homme. Malgré les peurs et les souffrances, un lien se tisse entre les otages et l’évadé pendant les 6 jours que la prise d’otages durera. À la sortie des otages, ceux-ci se mettront devant le preneur d’otage pour se protéger. Une relation amoureuse se développera même entre une des otages et le preneur d’otages. Le syndrome de Stockholm est ainsi né.

Quand le projet prend en otage le gestionnaire de projets…

Dans les dernières semaines, j’ai effectué un audit de projet pour une grande organisation. L’audit c’est souvent le dernier recours pour l’organisation qui voit que le projet ne va pas bien et qu’un plan de redressement est nécessaire. Un des constats que j’ai documenté (comme bien souvent dans des cas d’audit) est que le gestionnaire de projet avait perdu complètement son aspect critique.

Le gestionnaire de projet était maintenant le projet. Il avait été pris en otages par son propre projet! Cette prise d’otages se présente par plusieurs symptômes :

1.    Le gestionnaire de projet devient très agressif envers les moindres critiques de son projet.;

2.    Le gestionnaire de projet s’enferme dans les problèmes du projet et ne va pas à la recherche d’aide;

3.    Une certaine pensée magique s’installe : on a des immenses problèmes mais on va réussir à s’en sortir, juste un peu de temps et tout ira bien. L’aspect critique du gestionnaire de projet est complètement annihilé. Les messages deviennent trop optimistes et la réalité est évacuée par des fantaisies;

4.    Des problèmes de stress s’installent avec en bonus des problèmes d’angoisse et de sommeil;

5.    Les relations entre les membres de l’équipe se détériorent et le plaisir au travail disparaît;

Comment un gestionnaire de projet arrive-t-il à ce point?

-       Un projet trop complexe pour l’expérience du gestionnaire de projets;

-       Un manque de support de la direction. Aucune prise de décision, on laisse pourrir les situations et la vision du projet est floue;

-       Un mauvais entourage dans le projet. Certains conflits n’ont pas été réglés à temps entre des membres de l’équipe et l’escalade a fait que le projet est maintenant en péril.

Une fois que le syndrome de Stockholm est diagnostiqué chez le directeur de projet, il est trop tard. Il faut changer le gestionnaire de projet et redresser le projet.

Pour éviter ce syndrome, plusieurs actions doivent être posées :

-       Gestionnaire de projets, évitez de perdre vos sens critiques, surtout sur vos propres actions.

-       Assurez vous d’avoir une vision claire de votre projet. Ne vous racontez pas d’histoire, votre projet est rouge et des actions doivent être entreprises. Soyez proactif.

-       Allez chercher de l’aide, partagez vos problèmes avec tous vos leviers : bureau de projets, parrain, exécutif, etc.

-       Ne laissez pas pourrir des conflits dans vos équipes, réagissez promptement et régler les problèmes.

La prise d’otages en projets fait beaucoup plus de victimes qu’on pense, ne soyez pas sa prochaine victime.